Ce n’est
hélas ni au nom de la dignité et de l’égalité entre hommes et femmes, ni à
celui du radicalisme musulman, qu’Oskar Freysinger a obtenu mercredi dernier le
vote d’une motion concernant le niqab. Mais à celui de la sûreté intérieure. Dommage,
car c’est bien d’égalité et de radicalisme qu’il s’agit.
Il est
assez stupéfiant tout de même que nos sociétés n’arrivent pas à poser des
limites à ce courant archaïque et sexiste, qui s’étend inexorablement dans le
monde musulman en général et dans nos démocraties en particulier.
Tous les
progressistes devraient se rejoindre dans ce combat, musulmans et
non-musulmans. La gauche et les verts,
toujours aussi complaisants, ont voté contre.
Quant à la grande
majorité des porte-parole musulman, s’ils s’affirment opposés au port du niqab,
aucun n’approuve sont interdiction.
Ce serait pourtant un signe fort que la dignité des femmes les préoccupe. Problème:
les mêmes décrètent que le port du foulard est obligatoire. Or, entre ces deux
vêtements, une même logique est à l’œuvre.
Le foulard n’est jamais «ce petit bout de tissu»
qu’invoquent certain(e)s. Pratiquement aucune musulmane ne s’en contente. Elles ne
montrent ni leurs jambes, ni leurs bras
nus. L’interdit concerne le corps et pas seulement les cheveux.
Pourquoi donc Dieu leur crée-t-il de belles
chevelures et leur demande-t-il de les cacher 10 heures par jour? De même, pourquoi les fait-il fonctionner
avec des règles pour décréter lorsqu’elles les ont, qu’elles sont impures, soit
interdites de sexe, de prières et de ramadan?
La raison de cette exigence est en fait celle des hommes.
Mâles, imams et autres
frères Ramadan le disent clairement: le foulard et la dissimulation du corps
sont indispensables pour aider les
hommes à réfréner leurs pulsions sexuelles. C’est indigne d’eux, humiliant
pour elles et, si l’on pense à l’obsession sexuelle observée dans les pays
islamiques, parfaitement inutile.
Le foulard est une
très grande contrainte. Dieu,
bizarrement, ne demande aucun équivalent aux hommes. Sexiste, Dieu?
Les mâles ont emballé leurs exigences vestimentaires dans
un concept ad hoc, «la pudeur islamique». Elle est particulièrement utile pour imposer la
séparation des sexes dès la puberté et pour décrier à chaque occasion
l’Occident.
Couvrir son corps varie selon le degré d’intégrisme. Le plus classique: un foulard avec
pantalon-tunique. Fréquent aussi: le tissu informe qui couvre de la tête au
pied. Encore rare: le niqab qui ne laisse voir que les yeux. Pour quand? la
burqa qui les cache aussi.
Du foulard à la
burqa, la logique est identique: les seins, les fesses, les jambes, le visage,
le regard, le cou, les oreilles, les mains, les pieds: le moindre bout de peau
peut séduire.
Corps tentateur, corps
diabolique… Les chrétiennes ont-elles aussi été longtemps victimes de cette
vision machiste.
Le foulard exerce d’autres
fonctions intéressantes pour les hommes et les musulmans radicaux. C’est un signe que la religion musulmane gagne du terrain. Le foulard est devenu en Occident la
principale arme des prosélytes.
C’est
aussi un moyen de contrôler la sexualité des «sœurs».
Ce signe si visible indique aux hommes non-musulmans que ces femmes leur sont
interdites et incitent celles qui le portent à réfréner tout sentiment qui les
pousserait à transgresser les interdits sexuels.
De leur côté, les hommes peuvent incognito, habillés
comme ils le veulent, prendre le
plaisir qu’ils refusent à leur vierge fiancée ou à leur épouse. Sans risque. A-t-on
déjà vu des frères/pères assassiner un des hommes de la famille parce qu’il
était trop attiré par les mœurs occidentales. L’inverse se produit hélas régulièrement
dans les communautés musulmanes d’Occident.
Pourquoi le foulard qui a
toujours été signe d’asservissement des femmes dans les pays musulmans
deviendrait-il chez nous signe de liberté? Il est justifié
par les mêmes textes, par les mêmes raisons. Et on n’a jamais constaté que celles qui disent
le porter librement dans nos sociétés s’organisent afin d’exiger la liberté de
ne pas le porter dans les pays islamiques.
On remarque d’ailleurs assez peu de mobilisation, voire aucune, contre
les discriminations des femmes dans ces pays. Aucune contre une des pires: les
millions de fillettes excisées ou infibulées.
Les radicaux expliquent aussi sans relâche aux jeunes filles qui
fréquentent leurs mosquées, que porter le foulard est une manière de se distinguer de l’Occident
décadent qui aurait accroché à son système de valeurs la nudité des femmes. Et
que le porter est un acte de résistance
à l’«islamophobie» et à tous ceux qui tenteront de les convaincre de
l’abandonner. En réalité, la signification du foulard est une des origines
de «l’islamophobie». Mais on forme ainsi
des soldates prêtes au combat.
Aujourd’hui chez nous, dans ces communautés où
le contrôle social est si fort et le formatage des cerveaux si rapide, combien de petites
filles, d’adolescentes ou de femmes ont encore la liberté de ne pas le porter?
Et celle de le quitter?
P.S.
Avez-vous remarqué?
Tous les pays musulmans fondamentalistes
obligent la gent féminine à se couvrir. Plus un régime ou un mouvement est radical, plus le
foulard s’allonge et plus la sanction en cas de
transgression est sévère.
Aucune autre
société que les démocraties n’ont offert ni dans le passé ni dans le présent
autant de droits aux musulmanes: protection contre le
mariage forcé, choix du mari y compris en matière religieuse, protection contre
la maltraitance dans le couple, égalité dans l’éducation, le divorce, le
témoignage, l’héritage, la garde des enfants; interdiction des mutilations
sexuelles...
Et en guise de
reconnaissance pour toutes ces libertés,
des femmes sans cesse plus nombreuses portent volontairement un symbole
de servitude. Et illustrent une vision des rapports entre les sexes que nous
avions crue définitivement abolie après
les victoires féministes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de votre commentaire. Il n'apparaîtra toutefois qu'après validation.