Paru dans les blogs de la Tribune de Genève le 19.09.2011
Respect des cultures, d'accord
Respect des femmes d'abord
Les mutilations sexuelles seront donc condamnables en Suisse. Le Conseil des Etats l'a confirmé. C'est bien.
Le problème de l'excision et de l'infibulation reste cependant entier dans le monde. L'Occident injecte des sommes considérables dans d'innombrables projets et se gargarise chaque année lors d'une journée tolérance zéro des « nombreux villages » africains qui ont déclaré cesser ces pratiques.
On
ose ainsi affirmer régulièrement lors des bilans annuels que «le succès
est au rendez-vous.» Si le problème n'était si grave, on qualifierait
de ridicules de telles manifestations. A ce rythme, dans 100 ans, on en
sera au même point.
Car en réalité, ces barbaries ont tendance à augmenter. Depuis 15 ans, le nombre annuel de mutilations a cru de 50% selon la même UNICEF. On en pratique aujourd'hui 3 millions chaque année contre 2 en 1996.
Des
populations animistes, des sectes protestantes, des branches
chrétiennes (mais qui ne sont reliées à aucune autorité centrale)
excisent. Les populations musulmanes sont majoritaires.
Il faut
cesser de chercher des excuses sur ce «sujet délicat, complexe,
culturel» et dénoncer frontalement. Trois millénaires d'horreurs
suffisent. D'autant que les hommes savent pertinemment que la raison
fondamentale de ces mutilations est de supprimer le plaisir des femmes
afin de s'assurer virginité et fidélité.
A mon avis, ce problème ne peut trouver sa solution qu'avec une vaste mobilisation des musulmans progressistes
et au nom des valeurs de leur religion. Ils devraient s'élever
fermement contre la manière qu'ont tant de leurs porte-parole de se
dédouaner en rappelant que cette exigence «n'est pas dans le Coran».
Les musulmans sont au minimum 300 millions, à mutiler leurs fillettes, dont d'innombrables imams et oulémas. 29 pays excisent sur les 32 que compte l'Organisation de la Conférence islamique.
La
Guinée, l'Egypte, la Somalie, la Mauritanie, pays à 95% musulmans, le
font. Et la pratique est très fréquente dans l'immense l'Indonésie qui
bizarrement ne fait pas l'objet de statistiques.
Le fondamentalisme qui progresse presque partout renforce ces agissements.
Après
des millénaires de souffrances, ne serait-il pas temps de dire
clairement aux pays exciseurs: cette barbarie doit disparaître? Et de la
faire figurer sans attendre parmi les crimes contre l'humanité ou mieux
encore de créer un tribunal pénal international qui leur serait consacré?
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