dimanche 2 octobre 2011

Du foulard au niqab: une même logique

 Ce n’est hélas ni au nom de la dignité et de l’égalité entre hommes et femmes, ni à celui du radicalisme musulman, qu’Oskar Freysinger a obtenu mercredi dernier le vote d’une motion concernant le niqab. Mais à celui de la sûreté intérieure. Dommage, car c’est bien d’égalité et de radicalisme qu’il s’agit.

Il est assez stupéfiant tout de même que nos sociétés n’arrivent pas à poser des limites à ce courant archaïque et sexiste, qui s’étend inexorablement dans le monde musulman en général et dans nos démocraties en particulier.

Tous les progressistes devraient se rejoindre dans ce combat, musulmans et non-musulmans. La gauche et les verts, toujours aussi complaisants, ont voté contre.

Quant à la grande majorité des porte-parole musulman, s’ils s’affirment opposés au port du niqab, aucun n’approuve sont interdiction. Ce serait pourtant un signe fort que la dignité des femmes les préoccupe. Problème: les mêmes décrètent que le port du foulard est obligatoire. Or, entre ces deux vêtements, une même logique est à l’œuvre.
Le foulard n’est jamais «ce petit bout de tissu» qu’invoquent certain(e)s. Pratiquement aucune musulmane ne s’en contente. Elles ne montrent ni leurs jambes, ni leurs bras nus. L’interdit concerne le corps et pas seulement les cheveux.

Pourquoi donc Dieu leur crée-t-il de belles chevelures et leur demande-t-il de les cacher 10 heures par jour? De même, pourquoi les fait-il fonctionner avec des règles pour décréter lorsqu’elles les ont, qu’elles sont impures, soit interdites de sexe, de prières et de ramadan?

La raison de cette exigence est en fait celle des hommes. Mâles, imams et autres frères Ramadan le disent clairement: le foulard et la dissimulation du corps sont indispensables pour aider les hommes à réfréner leurs pulsions sexuelles. C’est indigne d’eux, humiliant pour elles et, si l’on pense à l’obsession sexuelle observée dans les pays islamiques, parfaitement inutile.

Le foulard est une très grande contrainte. Dieu, bizarrement, ne demande aucun équivalent aux hommes. Sexiste, Dieu?

Les mâles ont emballé leurs exigences vestimentaires dans un concept ad hoc, «la pudeur islamique». Elle est particulièrement utile pour imposer la séparation des sexes dès la puberté et pour décrier à chaque occasion l’Occident.

Couvrir son corps varie selon le degré d’intégrisme. Le plus classique: un foulard avec pantalon-tunique. Fréquent aussi: le tissu informe qui couvre de la tête au pied. Encore rare: le niqab qui ne laisse voir que les yeux. Pour quand? la burqa qui les cache aussi.

Du foulard à la burqa, la logique est identique: les seins, les fesses, les jambes, le visage, le regard, le cou, les oreilles, les mains, les pieds: le moindre bout de peau peut séduire.
Corps tentateur, corps diabolique… Les chrétiennes ont-elles aussi été longtemps victimes de cette vision machiste.

Le foulard exerce d’autres fonctions intéressantes pour les hommes et les musulmans radicaux. C’est un signe que la religion musulmane gagne du terrain. Le foulard est devenu en Occident la principale arme des prosélytes.

C’est aussi un moyen de contrôler la sexualité des «sœurs». Ce signe si visible indique aux hommes non-musulmans que ces femmes leur sont interdites et incitent celles qui le portent à réfréner tout sentiment qui les pousserait à transgresser les interdits sexuels.

De leur côté, les hommes peuvent incognito, habillés comme ils le veulent, prendre le plaisir qu’ils refusent à leur vierge fiancée ou à leur épouse. Sans risque. A-t-on déjà vu des frères/pères assassiner un des hommes de la famille parce qu’il était trop attiré par les mœurs occidentales. L’inverse se produit hélas régulièrement dans les communautés musulmanes d’Occident.

Pourquoi le foulard qui a toujours été signe d’asservissement des femmes dans les pays musulmans deviendrait-il chez nous signe de liberté? Il est justifié par les mêmes textes, par les mêmes raisons. Et on n’a jamais constaté que celles qui disent le porter librement dans nos sociétés s’organisent afin d’exiger la liberté de ne pas le porter dans les pays islamiques.  On remarque d’ailleurs assez peu de mobilisation, voire aucune, contre les discriminations des femmes dans ces pays. Aucune contre une des pires: les millions de fillettes excisées ou infibulées.

Les radicaux expliquent aussi sans relâche aux jeunes filles qui fréquentent leurs mosquées, que porter le foulard est une manière de se distinguer de l’Occident décadent qui aurait accroché à son système de valeurs la nudité des femmes. Et que le porter est un acte de résistance à l’«islamophobie» et à tous ceux qui tenteront de les convaincre de l’abandonner. En réalité, la signification du foulard est une des origines de «l’islamophobie». Mais on forme ainsi des soldates prêtes au combat.

Aujourd’hui chez nous, dans ces communautés où le contrôle social est si fort et le formatage des cerveaux si rapide, combien de petites filles, d’adolescentes ou de femmes ont encore la liberté de ne pas le porter? Et celle de le quitter?
P.S. Avez-vous remarqué?
Tous les pays musulmans fondamentalistes obligent la gent féminine à se couvrir. Plus un régime ou un mouvement est radical, plus le foulard s’allonge et plus la sanction en cas de transgression est sévère.  

Aucune autre société que les démocraties n’ont offert ni dans le passé ni dans le présent autant de droits aux musulmanes: protection contre le mariage forcé, choix du mari y compris en matière religieuse, protection contre la maltraitance dans le couple, égalité dans l’éducation, le divorce, le témoignage, l’héritage, la garde des enfants; interdiction des mutilations sexuelles...

Et en guise de reconnaissance pour toutes ces libertés,  des femmes sans cesse plus nombreuses portent volontairement un symbole de servitude. Et illustrent une vision des rapports entre les sexes que nous avions crue  définitivement abolie après les victoires féministes.


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